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La peau: un organe à part entière, à bien protéger.

Un organe lourd dans tous les sens du terme

La peau constitue l’organe plurifonctionnel le plus vaste et le plus lourd de notre corps, environ 4kg pour une surface de 1,5 à 2,4m2 à l’âge adulte. Elle se prolonge au niveau des orifices naturels par une muqueuse et est composée de 3 tissus:

  • l’épiderme, couche superficielle se renouvelant tous les 45 jours;
  • le derme, tissu conjonctif contenant des neurofibres, les glandes sudoripares, les glandes sébacées, des follicules pileux, les vaisseaux sanguins et lymphatiques;
  • l’hypoderme contenant les adipocytes. 

La peau est d’épaisseur variable en fonction des endroits, entre 1,5 et 4mm et est associée à de nombreuses annexes comme les poils, les ongles ou encore les glandes exocrines. Son rôle majeur est de nous protéger contre les agressions extérieures grâce au sébum, contre les bactéries grâce à la mélanine, contre les rayons UV et la déshydratation via la kératine. Elle permet également de réguler notre température corporelle, provoquant une dilatation des vaisseaux et une sudation lorsqu’elle est trop élevée et inversement une vasoconstriction des vaisseaux quand elle est trop basse. C’est pour cette raison par exemple qu’un enfant ayant de la fièvre sera dénudé et mis dans un bain à 37 degrés afin de faire baisser rapidement sa fièvre. Grâce à ses récepteurs sensoriels, elle nous avertit donc de la température, de la pression, de la douleur, etc. Bien entendu, elle exerce également des fonctions métaboliques, comme l’excrétion des déchets quand, par exemple, une personne addicte de fast food dégagera en toute logique une odeur corporelle fétide car, ne l’oublions pas, la peau est un organe de détoxification après le foie. La peau est également le précurseur de la vitamine D. Elle représente 5% du volume sanguin et est composée de trois pigments, responsables de sa couleur: la mélanine, le carotène et l’hémoglobine.

Un organe fortement agressé et qui vieillit de façon visible

L’aspect visuel et tactile étant très important dans notre société actuelle, la peau est le témoin visuel du vieillissement. N’oublions donc jamais que nous sommes le reflet extérieur de notre état intérieur. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, l’intestin et sa flore y jouent un rôle capital! Les mécanismes de vieillissement dépendent de facteurs environnementaux et de facteurs génétiques constitutifs. Les facteurs exogènes environnementaux sont principalement l’alimentation, le tabagisme, le soleil (qui provoque un stress oxydatif important) et la pollution, pour ne citer que les principaux. On reconnaît deux mécanismes majeurs du vieillissement, liés principalement à l’alimentation, à savoir le stress oxydant et le stress carbonyl, le lien moléculaire entre ces deux derniers étant le méthylglyoxal. Les ROS (Radical Oxygene Species) et les AGE (Advanced Glycation End products) altèrent les protéines (enzymes), les lipides (membranes) et les acides nucléiques (ADN) et sont donc impliqués dans beaucoup de maladies comme, par exemple: la sénescence, le cancer, les maladies cardiovasculaires, la maladie d’Alzheimer, la dégénérescence de la macula, le diabète, l’arthrite, etc. 

Le stress oxydant est causé par un déséquilibre entre les radicaux libres et les défenses anti-oxydantes. Inutile d’insister sur le rôle de la qualité des aliments, qui se fait de plus en plus rare dans notre monde moderne où le fast-food est omniprésent. L’oxydation de l’ADN peut provoquer des mutations, l’oxydation des protéines peut anéantir le fonctionnement de cette protéine; prenons par exemple le cas de l’alpha1-antitrypsine, enzyme synthétisée dans le foie et permettant l’élasticité des alvéoles pulmonaires. Chez le fumeur, son oxydation accélérée provoquera de l’emphysème pulmonaire, menant à la BPCO. Les facteurs endogènes d’oxydation se concentrent sur trois grands phénomènes: premièrement, la mitochondrie (responsable de 95% des ROS) (1), la détoxification hépatique et l’inflammation. C’est ici que le rôle des antioxydants prend toute sa valeur car ce sont les molécules capables de transformer les ROS (d’origine endogène ou exogène) en molécules inoffensives. L’un de plus puissants antioxydants est l’acide alpha-lipoïque, sous sa forme R (naturelle) de préférence, s’il est administré. 

La glycation est également responsable du vieillissement cutané, que nous apercevons quand nous regardons nos photos à différents âges de la vie (2). Le diabète constitue un des plus beaux modèles de vieillissement accéléré (des organes internes mais aussi de la peau), ce qui devrait nous inciter à conseiller à nos patients atteints une restriction calorique permettant de freiner le vieillissement et de prolonger la longévité, à condition bien entendu que leur alimentation soit équilibrée, riche en nutriments, afin d’éviter certaines carences nutritionnelles. Il faut noter par ailleurs que cette restriction devra être progressive car l’organisme doit avoir le temps de s’adapter à la nouvelle situation. La restriction calorique chez l’homme active le gène SIRT1 (silent information regulator protein) en permettant une augmentation de l’espérance de vie. Or, la durée de vie maximale des humains et de toutes les espèces est probablement (et partiellement) régulée génétiquement. L’acide alpha-lipoïque active également la SIRT1 et SIRT2. Les sirtuines stimulent la réparation et non la mort des cellules sous stress (3). Le resvératrol, un polyphénol du vin rouge, multiplie par 13 l’activité des sirtuines. Ceci permettrait peut-être d’expliquer pourquoi nos aînés vivant longtemps aiment leur petit verre de vin rouge journalier… À ce titre, le resvératrol est donc considéré comme un nutriment «anti-age». 

L’acide alpha-lipoïque est le plus puissant antioxydant, avec la particularité que son excès ne nuit en rien! Dans notre alimentation, il est présent dans les brocolis et les épinards, mais il faudrait en consommer des kilos tous les jours, ce qui n’est pas vraiment indiqué… La supplémentation a donc toute sa place.

Nutriments-clés capables de ralentir le vieillissement

L’acide alpha-lipoïque (forme R), la vitamine B1 et B3, le resvératrol et la L-carnosine présentent tous un intérêt. L’acide alpha-lipoïque C’est le plus puissant antioxydant, avec la particularité que son excès ne nuit en rien! Il restaure le pool des antioxydants de l’organisme et est nécessaire à la combustion du glucose, car c’est l’élément le plus limitant de l’absorption du pyruvate issu de la glycolyse au niveau de la mitochondrie. Il active les sirtuines, via la pyruvate déhydrogénase, surtout le SIRT2 via l’augmentation du rapport NAD/NADH, ce dernier jouant un rôle très important dans la régulation redox intracellulaire, permettant de donner des renseignements sur l’état métabolique de la cellule. En d’autres termes, ce rapport NAD/NADH nous donne une idée de la «jeunesse» de notre corps. Il favorise la détoxication hépatique, est également un chélateur de métaux lourds et traverse la membrane hématoencéphalique. Dans notre alimentation, il est présent dans les brocolis et les épinards mais il faudrait en consommer des kilos tous les jours, ce qui n’est pas vraiment indiqué… La supplémentation a donc toute sa place (4, 5).

La vitamine B1 (ou thiamine) permet l’entrée du pyruvate dans la mitochondrie et sa transformation en acétyl-CoA (via la pyruvate déhydrogénase) (6). 

La vitamine B3 (ou niacine) participe au NAD, qui lui-même est nécessaire à la glycolyse, à la mitochondrie, à la détoxication, à l’activité des sirtuines, au recyclage de l’acide alpha-lipoïque et du GSH (glutathion réduit). 

La carnosine est un allié anti-âge et anti-radicaux libres précieux. Ce dipeptide est obtenu après digestion de la viande dans notre estomac et l’intestin (attention aux personnes ne mangeant pas ou peu de viande). Elle se localise surtout dans les muscles squelettiques et le cerveau, endroits les plus sollicités. C’est un antioxydant puissant, anti-glycant, tampon régulateur de pH, et chélateur de métaux divalents. On a remarqué que les taux de carnosine diminuaient avec l’âge (7, 8). Il joue le rôle de freinateur du vieillissement cutané (9), du diabète et de la maladie d’Alzheimer (10, 11).

«Dis-moi comment va ton intestin, je te prédirai ton état cutané» 

Si nous parlons de vieillissement cutané, il est également important de mettre en évidence le lien entre l’inflammation chronique et la barrière intestinale. On ne le répète pas assez souvent, mais l’intestin joue un rôle capital dès qu’une inflammation de «bas grade» est présente, due à une dysbiose, un leaky gut (intestin poreux), une candidose intestinale ou à une combinaison de ces affections. L’inflammation chronique dite de «bas grade» provoque un vieillissement par augmentation des radicaux libres liée à une porosité de l’intestin (leaky gut), lui-même provoquant une malabsorption de macro- et micronutriments normalement indispensables au bon état de notre peau. On complètera le tableau en disant que la diversité de notre nourriture, une mastication avancée des aliments ingérés, l’abolissement des fast-foods et la gestion du stress sont tous des facteurs importants pour le maintien de la qualité de notre peau (12, 13).

Autres éléments antioxydants

La vitamine E, liposoluble, protège également les membranes cellulaires de l’oxydation. Elle est surtout concentrée dans les tissus pouvant subir des dommages importants comme la peau (14). Elle confère l’élasticité et la plasticité de la peau. 

La vitamine C agit, elle aussi, contre l’oxydation de la peau et la formation de taches, (c’est pourquoi de nombreuses crèmes pour peau mature en contiennent).

Essentiel dans la chaîne de phosphorylation oxydative (mitochondrie), le coenzyme Q10 protège contre le stress oxydatif, la mort cellulaire et participe à la construction du derme et de l’épiderme (15). Pour rappel, on le trouve principalement dans la viande.

La diversité de notre nourriture, une mastication avancée des aliments ingérés, l’abolition des fast-foods et la gestion du stress sont tous des facteurs importants pour le maintien de la qualité de notre peau.

Les caroténoïdes sont des pigments oranges et jaunes, fortement utilisés en agro-alimentaire pour leurs propriétés colorantes, antioxydantes et photo-protectrices. Ils ont une activité pro-vitaminique A (rétinol). Ils interviennent au niveau de la peau dans la cicatrisation, la qualité de la peau, les dermites sèches, l’eczéma, etc. Au niveau cosmétique: anti-âge, anti-ride, photosensibilisation («pilule à bronzer»). Ils contiennent beaucoup de lycopènes, très protecteurs de la peau. 

La vitamine A, liposoluble, possède incontestablement un rôle antivieillissement de la peau. En tant que précurseur de la mélanine, elle prépare donc la peau au soleil et la protège contre les agressions extérieures. Les caroténoïdes procurent plus de 60% de la vitamine A. D’autres éléments interviennent encore au niveau de la peau:

  • le sélénium: cofacteur de la glutathion-oxydase, il empêche la réaction de Fenton de se produire, et donc empêche la formation de l’ion hydroxyle (le plus délétère pour notre organisme);
  • le thé vert est protecteur contre l’oxydation et contre les effets des rayons UV;
  • les oméga 3, surtout l’EPA (16), protègent également contre les effets nocifs des UV sur la peau (17); 
  • le récepteur nucléaire de la vitamine D contrôle l’expression des gènes qui codent pour la «fontaine de jeunesse» (18). La vitamine D régule aussi la cathélicidine (peptide antimicrobien) qui intervient dans des affections telles que le psoriasis, l’acné rosacée, les dermatites atopiques;
  • le zinc est également un allié indispensable pour une peau saine, car il favorise la cicatrisation et intervient dans de nombreux dérèglements, comme par exemple l’acné, en limitant la multiplication bactérienne et la réaction inflammatoire. Bien entendu, dans le cas de l’acné, d’autres acteurs ont un rôle important à jouer, comme les probiotiques, car la qualité de la flore intestinale détermine aussi la qualité de la peau. Une carence en zinc peut être responsable d’une peau sèche, d’ongles cassants, tachés ou dédoublés, de cheveux ternes. C’est un oligo-élément indispensable au bon fonctionnement de l’épiderme.
Une peau saine et jeune demande donc de respecter son corps, de le protéger des agressions extérieures, de privilégier une nourriture saine et équilibrée, d’optimaliser le fonctionnement de nos mitochondries et d’avoir une bonne gestion de notre stress et de nos émotions.

Dr. Carchon pour Medi-Sphere 710 (29 juin 2022)

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