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Le COVID-19 pèse sur les obèses

Une étude du CHU de Lille montre que les patients souffrant d’obésité ont 7 fois plus de risques d’être placés sous ventilation que les malades avec un poids normal. Leur mortalité serait également plus élevée. Au point de poser la question: faudra-t-il mettre les obèses en quarantaine?

Nous ne sommes pas tous égaux devant le Covid-19: on sait que la maladie touche davantage les hommes que les femmes et davantage les personnes âgées que les jeunes et les enfants. Mais le terrain le plus favorable à son développement est sans nul doute l’obésité. L’étude, réalisée par le CHU de Lille et publiée le 9 avril dernier dans la revue Obesity, montre que les patients souffrant d’obésité forment probablement la population la plus menacée par le coronavirus.

Des évidences maintenant confirmées
Dans cette étude, près de la moitié (47,6%) des patients admis depuis le début de la pandémie en soins intensifs étaient obèses, avec 28,2% au stade d’obésité sévère. Pas moins de 85,7% de ces derniers ont dû être placés sous ventilation.

Cette étude vient confirmer les résultats d’une étude américaine, qui établit que la proportion de personnes en surpoids dans les unités de soins intensifs aux États-Unis est de l’ordre de 49%. Non seulement ils seraient plus nombreux dans les unités de soins intensifs, mais ils y resteraient aussi plus longtemps. Il n’y a pas de certitudes concernant les raisons de cette sur-représentation des obèses, mais plusieurs hypothèses sont avancées:
- tout d’abord, des carences en vitamines et notamment en vitamine D;
- ensuite, la faculté pour les obèses de sécréter plus vite que les autres un certain type d’anticorps à l’origine des sur-réactions qui provoquent les pneumonies mortelles;
- enfin, le tissu adipeux stockerait des quantités plus importantes de virus… Les obèses seraient ainsi porteurs d’une charge virale plus importante que les autres patients, et surtout, ils auraient plus de mal à les éliminer.

Par ailleurs, la surcharge pondérale provoque souvent des troubles du sommeil et notamment des apnées nocturnes. Les patients obèses ayant déjà plus de mal à respirer naturellement, la présence du Covid-19 serait donc plus menaçante pour eux que pour un sujet en bonne forme physique. Le danger d’aggravation fatale augmente avec l’IMC* (indice de masse corporelle): un IMC jusqu’à 30 serait encore acceptable, mais au-delà de 40, les patients sont en réel danger. La question d’un confinement prolongé se pose désormais, non seulement pour les personnes les plus âgées, mais aussi pour les victimes de surpoids. Avec le risque de stigmatiser une partie de la population et de poser les problèmes de discrimination. Notre attitude face à nos patients obèses doit donc être proactive, voire directive, pour les protéger d’un danger bien réel, que souvent ils ignorent ou nient.

L’obésité est-elle le facteur aggravant le plus dangereux?
«Si l’on devait établir un hit-parade des personnes à risque, nous pourrions relayer les réalités suivantes: l’âge des patients avec les plus hauts risques se situe entre 50 et 70 ans et les patients de ce groupe d’âge aux antécédents cardiaques (accidents cardiovasculaires, hypertension, accidents vasculaires cérébraux, coronaropathie, chirurgie et insuffisance cardiaque) occupent la pole position. Viennent ensuite les patients atteints de diabète insulino-dépendants, les patients présentant des antécédents de difficultés respiratoires, les personnes présentant une insuffisance rénale et/ou hépatique. Nous devons remarquer ici qu’un certain nombre de ces antériorités sont des complications et des comorbidités connues de l’obésité.» Jean-Paul Allonsius Ancien Président, Fondateur de l’association des patients obèses (BOLD)

QUELQUES CONSEILS

Quand l’immunité joue un rôle primordial
Perdus au milieu des traitements de type allopathique et des polémiques qui les entourent, peu de recommandations ont été mises en avant pour tenter de booster notre immunité. Rappelons qu’une fois le virus entré dans les cellules, c’est l’intensité de l’orage cytokinique (réponse inflammatoire excessive) qui va déterminer la gravité de l’atteinte et la morbidité de l’infection. Les patients souffrant de maladies chroniques (diabète, obésité, problèmes cardiovasculaires, asthme, douleurs articulaires…) sont plus démunis devant ce virus. Le niveau de l’inflammation chronique, appelée de bas grade, va déterminer «l’explosion» des systèmes de défense. Les cellules NK (natural killer) sont normalement présentes pour tuer les agresseurs pénétrant dans notre organisme; leur quantité dépend de nombreux facteurs, parmi lesquels on a identifié l’impact négatif du stress, de la qualité du sommeil** (rappelons que les personnes obèses ont très souvent un sommeil de mauvaise qualité avec des apnées), et d’autres facteurs de qualité de vie, tels que s’amuser, rire…

S’offrir une meilleure qualité de vie devrait permettre un avenir meilleur sur le plan de notre santé physique et mentale. Dans ce cadre, l’activité physique et ludique est primordiale, qu’il s’agisse de marche, de vélo, de sport en général (plusieurs études ont déjà prouvé que la sédentarité est pire que de fumer). Notre santé mentale, par les contacts sociaux par exemple, doit aussi être entretenue; et le confinement a été très délétère à ce niveau. On le sait, l’isolement sera source de morosité, de dépression. Si les conditions climatiques ont été correctes durant les premiers mois de la pandémie, l’hiver est maintenant à nos portes, avec une alimentation souvent moins riche en vitamines et minéraux, une tendance à manger plus gras, à avoir moins de contacts sociaux, à retomber plus facilement dans la sédentarité… autant de facteurs négatifs, particulièrement pour les personnes à risque. De plus, on sait que les obèses ont moins de sérotonine (par inflammation chronique) et donc sont plus sensibles à plonger dans un état dépressif, qu’ils compensent souvent par l’absorption de sucres.

Quelles sont les armes complémentaires que l’on peut développer face aux agents infectieux?
-les oméga-3: poissons gras 3x/sem. à raison de 150g par jour; préférer les petits poissons gras style sardines, harengs, anchois…;
- les oméga-6: pas d’excès à ce niveau! Limiter les produits laitiers (fromages, yaourts, lait de vache…), ainsi que la viande (pas plus de 150g par portion!), pas d’usage journalier d’huiles telles que tournesol, arachide, maïs;
- l’huile d’olive vierge (bio de préférence);
- l’ail: de préférence frais;
-la vitamine D: essentielle au bon fonctionnement de l’immunité et antiinflammatoire. Depuis que nous savons que 99% de la population est déficiente, il faut supplémenter en suffisance! Pour rappel, le patient obèse devra recevoir de grandes doses de vitamine D, car elle se loge dans le tissu adipeux et reste donc inaccessible à l’organisme;
- la vitamine C: a un effet antioxydant;
- le zinc: réduirait l’activité de multiplication virale. On estime que 80% de la population est déficiente. Le zinc pourrait être utile tant en prévention qu’en phase d’infection;
- le sélénium: sa carence augmenterait le risque de contagion des maladies infectieuses virales;
- le CoQ10: puissant protecteur et antioxydant, aussi au niveau pulmonaire;
- la glutamine: surtout de source naturelle, mieux assimilée, elle constitue le carburant de nos cellules;
- le curcuma: frais ou en extrait, il a un pouvoir anti-inflammatoire;
- la vitamine E: elle est capitale pour la santé pulmonaire;
- les probiotiques: ils modulent l’inflammation et veillent au bon équilibre de la flore intestinale, souvent perturbée dans l’obésité.

Bien sûr, cette liste n’est pas exhaustive, elle sert surtout d’indication de base.

* L’IMC se calcule en divisant le poids par le carré de la taille, un IMC normal se situe entre 18,5 et 25.
** Le sommeil permet à l’hormone de croissance de réparer nos cellules endommagées par notre activité quotidienne.

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